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Végétal multifonction Toujours beau,de plus en plus utile

Face aux attentes des consommateurs jardiniers qui évoluent et à de nouvelles perspectives semblant se dessiner dans l’industrie, par exemple, les horticulteurs s’interrogent de plus en plus sur la possibilité de produire autre chose que des plantes « ornementales », une notion qui d’ailleurs s’estompe petit à petit... Pascal Fayolle

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Les plus nostalgiques y verront un pas en arrière, la remise en cause d’une époque durant laquelle a vu le jour le secteur de l’horticulture « ornementale ». Le retour de manivelle d’un temps au cours duquel nombre de maraîchers se sont mis à produire des plantes à massifs ou en pot parce qu’ils ne s’en sortaient plus avec leurs légumes et qu’il était davantage dans l’air du temps d’embellir les jardins des villes et des lotissements – croissant comme des champignons – que de nourrir ses concitoyens.

Pourtant, la tendance ne se dément guère depuis pas loin d’une décennie : les Français jardinent, et ce d’autant plus, en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19 et des confinements qu’elle a entraînés. Toutefois, le végétal qu’ils achètent s’oriente désormais davantage vers les légumes et autres plantes à picorer, et moins qu’avant vers les sempiternels géraniums ou pétunias.

Qui aurait pu croire, il y a trente ans, que les jeunes d’aujourd’hui se laisseraient plus facilement tenter par des formations en maraîchage – alors qu’elles fermaient les unes après les autres – que par des cours les menant vers la production dite « ornemen­tale » ? C’est pourtant bien la tendance qui semble se dessiner sur le terrain !

Il semble que la notion même de végétal d’ornement soit finalement en train de disparaître peu à peu. Elle ne parle plus aux consommateurs, qui ne savent pas toujours faire la différence entre une plante ornementale, utile, consommable... L’oranger (photo ci-contre) est-il ornemental, quand, en fleur, il embaume le jardin ? Est-il utilitaire, quand l’hiver suivant il offre quelques fruits à son propriétaire ? Est-il indispensable à la biodiversité quand il est visité par les abeilles ? Dans l’esprit du consommateur du xxie siècle, ces fonctions semblent former un ensemble indifférent aux cloisonnements qui ont été inventés dans la filière.

Explorer de nouveaux débouchés

À en croire tous les sondages, le végétal est actuellement plébiscité… pour assurer toutes ces missions, mais également d’autres, comme rendre la ville plus respirable, par exemple. Et le domaine professionnel n’est pas en reste : le pélargonium se vend moins pour orner les jardins et les balcons ? Il trouve sa place en expérimentation pour dépolluer les sols de l’ère post-industrielle (page 30). Le coléus a perdu du terrain parce que les mo­saïques disparaissent petit à petit ? On en teste une es­pèce dans le but de pro­duire des métabolites, très utiles pour la cosmétique (page 32).

Le simple argument esthétique n’est plus toujours suffisant pour vendre ses plantes. Face à ce constat, certains horticulteurs sont obligés de se réinventer en maraîchers. À l’avenir, ils deviendront peut-être aussi fournisseurs de l’industrie ou producteurs d’huiles essentielles.

L’institut Astredhor ne s’y est pas trompé, lui qui a organisé en février dernier ses journées bisannuelles sur ce thème (lire l’encadré ci-dessous). Il y a été question de végétal pour l’industrie, la biodiversité, la ville. L’alimentation y aurait eu sa place, la santé également... Alors que le marché de l’ornement souffre, d’autres perspectives s’ouvrent. On sait depuis toujours que l’univers végétal est si vaste qu’il peut s’adapter à toutes les circonstances !

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